
Je cours tranquillement en forêt, mon regard se pose un peu plus loin sur le chemin, soudain je vois un animal sauvage prêt à m’attaquer, j’ai peur, mes muscles se tendent, mon cœur s’accélère, mon corps se prépare à fuir ou combattre, « ah mais non, c’est une souche d’arbre ! » et là, je me détends, retrouve mon calme et poursuis mon chemin en souriant intérieurement. Voici une anecdote de ma dernière sortie en forêt qui illustre plutôt bien la présence des deux routes de la peur dans le cerveau.
Le point de départ : le thalamus
Dans une situation évoquant un danger, c’est le thalamus qui est en première ligne. Il va transmettre le message à d’autres parties du cerveau.
Le point d’arrivée : l’amygdale
L’amygdale est une petite structure en forme d’amande située dans le cerveau (à ne pas confondre avec les amygdales dans la gorge). C’est le système d’alarme naturel du cerveau. Il donne l’alerte au reste du corps.


L’autoroute de la peur
En empruntant l’autoroute, généralement, on cherche à se rendre le plus vite possible, sans détour, à destination.
L’autoroute de la peur c’est la voie qui part du thalamus et qui va directement et rapidement à l’amygdale. Et comme il faut faire vite, l’information de départ est un peu floue et manque de précisions. Il n’y a pas de temps pour la réflexion.
Par exemple, via l’autoroute de la peur, la forme que j’ai vue sur le chemin m’a mise en alerte. En effet, l’information est floue à tel point qu’une souche d’arbre est confondue avec un animal sauvage !
La départementale de la peur
Sur une route départementale, on roule moins vite, on fait des petits détours, on met donc davantage de temps pour aller du point de départ au point d’arrivée. Mais l’avantage c’est que cette route nous permet de découvrir en chemin des villes et villages.
La départementale de la peur c’est la route qui part du thalamus et qui passe par le cortex avant d’arriver à destination : l’amygdale.
La route est longue. L’information perçue par le thalamus est transmise au cortex. Une fois arrivée dans le cortex, l’information est traitée de manière précise et détaillée. Puis le cortex transmet un message à l’amygdale. En fonction de l’analyse faite par le cortex, le message sera : « il y a vraiment un danger ! » ou « pas de vrai danger, tu peux éteindre l’alarme ! »
Par exemple, lors de ma sortie en forêt, mon cortex a analysé plus précisément la forme que j’ai vue sur le chemin et qui m’a mise en alerte. Cette analyse a permis de conclure qu’il s’agissait d’une souche, un élément naturel totalement inoffensif. Mon cortex a alors envoyé un message à mon amygdale pour qu’elle arrête d’alarmer tout mon corps !

Finalement, grâce à l’autoroute de la peur, on ressent la peur avant même que notre cerveau puisse analyser la situation. Et heureusement que cette route existe ! En effet, dans certaines situations, si l’on devait d’abord analyser la situation pour savoir si oui ou non c’est utile d’avoir peur, notre vie serait fortement menacée !
La prochaine fois que vous sursauterez et que vous vous apercevrez qu’il n’y a finalement aucun danger, vous saurez pourquoi !
